Denis Bauchard

Denis Bauchard

Четверг, 30 Апрель 2015 19:51

Les défis de l’Égypte du président Sissi

Résumé

L’Égypte – qui a connu en quatre ans deux révolutions, quatre présidents et trois constitutions – semble entrée dans une phase de stabilisation et de reconstruction politique et économique.

L’armée, après une période de retrait apparent, a repris le pouvoir et rétabli l’ordre. Les maladresses, voire l’incompétence de l’équipe de Mohamed Morsi, mais également l’hostilité que le pouvoir des Frères musulmans a suscitée dans « l’État profond », expliquent cette «normalisation». Élu par un scrutin quasi plébiscitaire, le général Sissi bénéficie d’une réelle popularité. Par des gestes forts, il cherche à rassurer une population qui, lasse du chaos, souhaite retrouver sécurité et emploi.

Le président Sissi ne veut pas apparaître comme le restaurateur d’un ordre ancien. En rupture avec l’ère Moubarak, ilentend gouverner autrement grâce à l’appui d’une nouvelle génération. Le premier défi qui l’attend est la reconstruction des institutions. La première échéance est celle des législatives, à l’automne prochain, qui pourraient bien se dérouler dans un contexte de dégradation des libertés publiques et d’atteintes aux Droits de l’Homme, qui touchent une Confrérie durement réprimée mais aussi les opposants libéraux. La stabilité politique ne sera assurée que si les nouvelles institutions associent les différentes sensibilités égyptiennes à la vie politique. Par ailleurs, la relance de l’économie est un autre défi. L’appui financier massif des pays du Golfe et le succès de la conférence de Charm el-Cheikh sont des éléments favorables à la reprise des investissements et de la croissance. Enfin, le terrorisme est un autre défi majeur que doivent affronter les autorités dans le Sinaï.

La politique étrangère du président Sissi est axée en priorité sur la volonté d’assurer la sécurité du pays. Trois zones appellent une attention particulière : la Libye, la bande de Gaza et le Yémen. Cette politique vise aussi à diversifier les relations extérieures de l’Égypte : avec la Russie, l’Europe et la France, et la Chine. Malgré quelques crispations, l’alliance stratégique avec les États-Unis ne sera pas durablement affectée. L’Égypte est de retour en tant que grande puissance régionale et veut reprendre le leadership du monde arabe comme on l’a constaté au récent sommet de la Ligue arabe de Charm el-Cheikh. Le Caire joue à nouveau dans la cour des Grands. 

 

 

 

Introduction 

En arrivant au Caire près de quatre ans après la révolution de la place Tahrir, nul changement significatif ne frappe. L’agglomération de près de vingt millions d’habitants connaît toujours les mêmes embouteillages, les mêmes voitures de luxe côtoyant des véhicules qui ne semblent tenir que par la rouille, et les mêmes charrettes tirées par des ânes. Autour de la place Talaat Harb, tard dans la nuit, les magasins fortement éclairés offrent au choix des complets vestons ou des habits traditionnels. Il en est de même au souk Khân el-Khalili, où chaque métier et chaque type de commerce ont leur place précise. La foule y est toujours dense, y compris dans les cafés et restaurants situés en face de l’université Al-Azhar. Si le hijab est de rigueur chez les femmes, beaucoup de jeunes filles portent pourtant chemisier moulant et jeans à la mode. Le café Fishawi, cher à l’écrivain Naguib Mahfouz, est toujours aussi fréquenté. Même affluence au parc paysager Al-Azhar, aménagé sur une décharge publique par la fondation de l’Aga Khan : il attire, malgré son entrée payante, un public familial nombreux qui pique-nique, danse et déjeune dans ses différents restaurants. Les jeunes mariés viennent s’y faire photographier.

Après avoir connu en quatre ans deux révolutions, quatre présidents et trois constitutions, l’Égypte semble retrouver une vie normale, même si plusieurs signes laissent penser que quelque chose a changé. De fait, après une période chaotique, le pays est entré dans une période de stabilisation et de reconstruction politique et économique qui n’est pas encore terminée.

Lorsqu’on traverse le quartier des ministères, à proximité de la place Tahrir, on constate que chaque bâtiment officiel est protégé par des murs en béton pour casser le souffle d’éventuelles charges explosives. Des militaires casqués et armés montent la garde. Des chevaux de frise sont pré-positionnés. Le siège de l’ancien parti – le Parti national démocratique –, incendié en janvier 2011 par les manifestants, reste une carcasse vide. Le Musée égyptien, habituellement animé par des groupes de touristes, est désert. La place Tahrir, réaménagée, est vide de manifestants et les marchands de souvenirs révolutionnaires ont disparu. Toutefois, les grandes fresques qui célèbrent la révolution et couvrent les murs de l’université américaine, située à proximité de la place Tahrir, sont toujours visibles.page6image20112

De fait, l’armée, après une période de retrait apparent, a repris directement le pouvoir et rétabli l’ordre. Le maréchal Sissi, qui bénéficie d’un large soutien de l’opinion publique, doit faire face à de nombreux défis : politiques, avec la mise en place de nouvelles institutions ; économiques, avec la nécessité de faire redémarrer une économie sinistrée par les troubles révolutionnaires ; et sécuritaire, avec un risque terroriste qui se manifeste au quotidien. L’Égypte, qui a toujours été le centre de gravité du monde arabe, entend affirmer à nouveau son leadership, se présenter comme une puissance régionale, et jouer dans la cour des Grands. 

 

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S'agit-il vraiment de l'accord historique attendu par tous ?

Oui, s'il aboutit effectivement à un accord définitif le 30 juin. Il mettra fin à trente-cinq ans de relations conflictuelles entre Téhéran et Washington, réintégrant l'Iran dans le concert des nations et assurant le renoncement à l'arme nucléaire de ce dernier. Les protocoles de contrôle, pour éviter des tricheries de Téhéran, comme celles qui lui avaient permis de construire le site souterrain de Fordow, me semblent très sérieux, très précis. 

Le calendrier de la levée des sanctions fait-il question ?

Le texte est ambigu sur ce point, car il ne précise pas clairement quand elles seraient levées, hormis une mention du respect par l'Iran de ses engagements. En outre, il parle de  « sanctions », indéterminées, et non pas  « des sanctions » dans leur ensemble. Il s'agit de ce que les diplomates appellent des « ambiguïtés constructives », volontaires, qui permettent de ne pas bloquer la dynamique de l'accord, à charge ensuite d'être dissipées en juin. A noter au passage que les Etats-Unis maintiennent quoi qu'il arrive les sanctions qui ont été prises au nom de la lutte contre le terrorisme ou pour les droits de l'homme. Les rivalités demeurent. D'ailleurs, l'Iran ne renonce pas à sa politique d'influence au Moyen-Orient, notamment en Syrie ou au Liban. On est encore très loin du « grand bargain » que certains pronostiquent entre Washington et Téhéran ou d'un renversement d'alliances. Les Saoudiens n'ont d'ailleurs pas réagi de manière critique à l'annonce de l'accord. 

 

Les tenants d'une ligne dure peuvent-ils encore faire échouer les négociations ?

Ca leur sera difficile, même s'ils disposent toujours d'une capacité de nuisance. A Téhéran on entend à peine les adversaires du compromis et le ministre des Affaires étrangères, Javad Zarif, a reçu un accueil triomphal. Aux Etats-Unis, les républicains alliés aux faucons parmi les démocrates auront du mal à faire voter de nouvelles sanctions contre l'Iran à la majorité des deux tiers du Congrès nécessaire pour surmonter le veto présidentiel. Le gouvernement israélien n'a pas renoncé à faire échouer l'accord, mais ne dispose pas de beaucoup de leviers pour cela. 

 

Propos recueillis par Y. B., Les Echos


En savoir plus : http://www.lesechos.fr/journal20150407/lec1_monde/0204278905337-denis-bauchard-un-accord-definitif-reintegrera-liran-dans-le-concert-des-nations-1108847.php?PitSsIouZEezrrFc.99

L’assassinat de vingt et un coptes égyptiens confirme ce dont on se doutait déjà, la volonté de l’Etat islamique (EI) d’affirmer sa présence et son influence en Libye. Se réclamant jusqu’alors d’Al-Qaida, certains éléments du mouvement Ansar ach charia semblaient depuis quelques mois se tourner vers Daech. La vidéo, publiée le 15 février par l’organisation terroriste, ne laisse plus de doutes. Reprenant la rhétorique habituelle du mouvement, cette nouvelle action de l’EI poursuit plusieurs objectifs : terroriser tout opposant à son influence ; recruter de nouveaux combattants ; provoquer des réactions en Occident qui puissent être exploitées comme stigmatisant les musulmans ; désigner l’Egypte comme un nouvel ennemi.

S’en prendre à des chrétiens ne tient pas du hasard : la violence à l’égard des minorités chrétiennes en terre d’islam déjà évidente en Irak et en Syrie s’étend. Cette action, multiple dans ses intentions, marque une nouvelle étape dans l’ascension d’un mouvement qui bénéficie de plus en plus de transfuges d’autres groupes djihadistes et qui déborde de plus en plus le « djihadistan » syro-irakien qu’il contrôle.

La Libye se trouve livrée au chaos, d’où deux pôles représentés par deux gouvernements et deux Parlements. A Tripoli, le gouvernement « révolutionnaire », émanation de l’ancien Parlement, le Congrès général national libyen, qui s’est autoprolongé, composé de forces islamistes, notamment les Frères musulmans, soutenues, financées et armées par la Turquie et le Qatar. Aube de la Libye – Fajr Libya – fédère ces forces.

 

 

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Published by IMESClub following author's permission.

Les relations entre l’Iran et les Etats-Unis, si elles remontenthistoriquement à 1856, ne sont devenues véritablement actives qu’en 1943. Si les rapports avec le Shah sont bons, le renversement de Mossadegh en 1953 organisé par la CIA ternit leur image. La mise en place en 1979 de la République islamique s’organise sur fond de forte hostilité, les Etats-Unis étant qualifiés par l’ayatollah Khomeiny de Grand Satan. L’assaut donné à l’ambassade américaine à Téhéran par des « étudiants » et la détention en otages de 52 diplomates pendant 444 jours sont vécus comme une humiliation par l’opinion publique américaine. Les conditions d’installation au pouvoir, comme la volonté d’exporter la révolution et se mettre à la tête du « Front du refus », conduisent les Etats-Unis à développer une politique mêlant containment et sanctions, non sans parfois certaines incohérences. Le développement, à partir de 2005, d’un programme nucléaire suspecté d’avoir une finalité militaire renforce les Etats-Unis dans leur volonté de durcir leur position. Cependant quelques occasions de réconciliation sont manquées. L’élection de Rohani apporte une nouvelle donne et une opportunité pour régler les contentieux en cours, notamment le nucléaire. L’accord intérimaire du 24 novembre 2013 confirme cette évolution, même s’il ne règle aucun problème de fond. Mais une dynamique est créée. S’achemine-t-on vers une normalisation des relations, voire un Grand bargain ? Il existe certes une volonté politique aussi bien du côté d’Obama que de Rohani. Mais des obstacles demeurent : la défiance reste grande entre les deux pays ; la marge de manœuvre est étroite en termes de politique intérieure ; la négociation nucléaire qui s’ouvre est complexe et majeure en termes d’enjeu pour les deux parties ; de nombreux points de crispation existent, notamment l’appui donné par l’Iran au Hezbollah. En toute hypothèse un Grand bargain ne peut être que le fruit de négociations longues et laborieuses qui peut déboucher sur un nouvel équilibre des forces au Moyen-Orient.

Paper is published in compliance with author's permission.

 

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Суббота, 15 Февраль 2014 22:35

GENEVA-II – SYRIA: success and failure [in En and Fr]

GENEVA-II – SYRIA:

SUCCESS AND FAILURE 

The fact that Geneva-II took place is indeed a success itself, as initially there was a lot of skepticism about the possibility of holding a conference on Syria, taking into account the deep divide between the Syrian authorities on the one hand and the opposition on the other, including the Coalition.

But it must be said that this conference has not yielded any tangible results, and in this very sense it is still a failure. The only tiny breakthrough was achieved not right away but a few days later concerns humanitarian aspects and the possibility of providing humanitarian aid to the besieged people of Homs. But the fulfilment  of this decision faces serious implementation difficulties.

Why did this failure of the Geneva-II take place? In fact the conference was some sort of a shadow theater. There was essentially a reaffirmation of the already known positions. Concerning Bashar al- Assad, we are manifestly not willing to negotiate seriously for many reasons : it is due to the fact that the regime feels strong in both militarily and diplomatic terms .

On the military terms, he managed to avoid falling of the major cities into the hands of the rebels and he is gradually regaining control of the cities of Hama, Homs , Aleppo and Damascus. He is also in a strong political position, while the Coalition that unites the "democratic" opponents is more divided than ever, even though it could seem united at a first sight. The Syrian representative, Mr Walid Moallem took the opportunity to develop in Geneva an extremely aggressive and uncompromising rhetoric.

However, despite its weaknesses, the opposition has apparently demonstrated, that it is holding a solid position. It looks good and perhaps has even acquired a new legitimacy. A sign of this is a meeting of its president Ahmad Jarba with Russian authorities in Moscow. But does this opposition truly represent all the fighters? It is probably less representative, as the majority of fighters on the ground belong to rather Salafi or jihadi groups.

In fact the current issue exceeds the Syrian territory. The promotion of democracy is not a common goal for all the combatants. The situation in Syria is becoming a concern for several reasons. First of all, Syria becomes a seat of international jihadism, with groups that claim methods and ideology of Al Qaeda. This can worry the international community, particularly the United States, Europe and Russia.

What is happening in Syria more and more appears to be a clash between Sunnis and Shiites and beyond this religious conflict there is a clash between two rival powers such as Iran and Saudi Arabia. It became a sort of proxy battlefield between the two great powers of the Middle East that are competing for influence not only in the Persian Gulf but also in the Muslim world.

Given this situation how will the events develop? Several factors must be taken into consideration. On the one hand, even if the regime of Bashar Al -Assad is now in a rather strong position, it has a number of weaknesses. He had to resort to the help from Iran, that has sent units of the Al-Quds Brigade and many "advisors" who came to give him effective support, particularly in the field of intelligence and urban combat. Hezbollah has sent many seasoned battle-hardened soldiers, but Hezbollah is a shady ally. Finally, the regime did not hesitate to mobilize poorly organized Alawite militia, over which it is loosing control, to defend itself and fight the opposition.

In fact one may wonder if the regime itself has any interest to negotiate.

It is clear that Europe, the United States and Russia have a number of mainly mutual interests to take care of in the context of this conflict: the Western countries and Russia are very concerned by the development of jihadism that may threaten their long-term security. In fact, among the jihadist combatants there are many citizens of these countries. Taking France alone, 700 French citizens left for jihad in Syria. 

There is also a mutual interest as our countries are very concerned about the prospects of the Syria's fragmentation, remembering the example of Iraq that would make the Middle East a zone of uncontrolled turbulence. 

There is only a political solution: military solution is unacceptable in present circumstances. This solution requires the absence of prerequisite conditions for the negotiations and more discreet negotiations than those currently taking place within the framework of the Geneva to make them more efficient. They should include all the concerned parties, all the concerned countries: the presence of Iran as well as of Saudi Arabia is essential to arrive to a solution. A political solution should not only provide a transitional government, but also a guaranteed plan to protect minorities. 

These negotiations can only be difficult and long. Russia, the United States and Europe are interested in putting pressure on both Iran and Saudi Arabia on the one hand but also on the Damascus authorities as well as the Coalition on the other hand to reach a compromise solution.


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